jeudi 27 octobre 2011
LE FIGARO: LE CIRQUE D'HIVER ENGAGE DES CHATS ET DES PIGEONS SAVANTS
Source de l'article: Le figaro. Par Ariane Bavelier. Publié le 26/10/2011
À Paris, chez les Bouglione, les bêtes sauvages se font voler la vedette par des animaux domestiques.
Àla grande époque des ménageries, au Cirque d'Hiver des Bouglione, il y avait des fauves, des éléphants, des ours. Aujourd'hui le spectacle Virtuose s'ouvre bien par un numéro de tigres. Mais ce sont les chats et surtout les colombes qui leur volent la vedette. Les enfants Bouglione eux-mêmes, encore à l'âge des culottes courtes, s'illustrent en menant entre des obstacles et sur un toboggan un octuor de chèvres et de cochons.
Aucun mal à cela: les bêtes sauvages ne sont pas adaptées aux centres-villes (les Bouglione en présentent dans leur Grand Cirque de Noël, parc André-Malraux, à Nanterre, et dans La Perle du Bengale, au Bourget) et interdites de cirque dans un nombre croissant de pays. Même s'il ne peut plonger la tête dans la gueule d'aucun de ses chats, Vladislav Olandar n'est pas frustré. Acrobate à vélo, propriétaire d'un chat allergique à la solitude, il a eu l'idée de pédaler avec le chat sur les épaules pour ne pas le laisser miauler pendant son numéro.
Un jeune coq de six mois
Aujourd'hui, il a huit chats blancs, genre persan. «Ça n'est pas la race qui compte, mais le talent, dit-il. D'ailleurs, on ne dresse pas un chat, on joue avec lui sur scène parce qu'on joue avec lui toute la journée. On ne fait que prolonger une relation existante. Si l'un ou l'autre se met en grève sur la piste, on n'y peut rien. Les chats évoluent selon ce qui captive leur regard et se moquent de la voix. » Question de moment, mais aussi de caractère. Olandar a un chat équilibriste et acrobate qui sait tout faire mais qu'il ne montre jamais: il a le trac. La piste le tétanise.
En comparaison, les pigeons sont des élèves studieux. Ils apprennent vite, travaillent de six mois à quatorze ans. «D'abord, le pigeon doit avoir confiance dans la main du dompteur. Ensuite, la main enseigne. Une semaine suffit pour enseigner une chose simple, on peut changer le numéro souvent», dit Andrej Fedorov, qui signe un magnifique numéro avec trente-six pigeons.
D'habitude, ils rentrent et sortent à leur guise de la volière. À Paris, il les laisse enfermés. Il ne voudrait pas qu'ils fraient avec les oiseaux de ville. Par peur des maladies et des mauvaises rencontres: «Une fois qu'ils sont tombés amoureux, les pigeons restent en couple pour la vie», dit Fedorov.
À mille lieues des numéros de magie qui jouent à cache-cache avec les colombes, les pigeons de Fedorov dansent en l'air, au sol, sautent des petites haies, montent à dos de chien, jouent à saute-perchoir, font de l'équilibre sur un jeune coq de six mois, tout juste entré dans la troupe. Le précédent a disparu prématurément, à 6 ans, cet été aux Pays-Bas. «Il vivait en liberté au milieu des caravanes, raconte Fédorov. Je suis rentré sur la piste avec les pigeons. Quand je suis sorti, il n'était plus là. Quelqu'un l'aura pris pour le manger !» C'est bien le seul inconvénient du dressage d'animaux domestiques !
Au Cirque d'Hiver (Paris, XIe), jusqu'au 22 mars.